La Madeleine repentante
Si Jean-Michel Rousvoal a placé ces dernières années le nu féminin au centre de son travail, sa dernière série réalisée en 2017, l’inscrit dans une tradition qui semble inhérente à la photographie depuis sa naissance, celle qui la fait dialoguer avec la peinture. Le nu tout comme la nature morte ou le paysage sont depuis toujours les sujets les plus propices à ces jeux d’échanges, le nu et la nature morte plus particulièrement parce qu’ils se composent à l’atelier. Il s’agit en effet d’intervenir directement en amont de la prise de vue pour composer. La pose et l’éclairage constituent un premier travail essentiel avant toute forme d’équilibrage ultérieur.
Jean-Michel Rousvoal privilégie logiquement le travail en studio ce qui lui permet de se concentrer sur la lumière et la couleur. En retenant le thème de la Madeleine repentante, il prenait un risque certain, celui d’introduire le réalisme dans un sujet hautement symbolique, religieux et philosophique que des peintres parmi les plus célèbres ont, depuis le XVIIème siècle, chargé d’une double ambiguïté fondamentale, celle de la relation entre l’érotisme et la mort, entre l’extase religieuse et l’extase physique, une exaltation de la condition humaine.
Le réalisme immédiat de la photographie pouvait en effet avec une trop évidente complaisance, laisser l’érotisme gagner la part dominante réduisant à néant l’indispensable dimension symbolique. Savamment, en usant d’une lumière verte qui vient éclairer d’un halo le crâne symbole de vanité, Jean-Michel Rousvoal, contient l’érotisme des corps et leur couleur chaude. La circulation visuelle entre ces deux lumières complémentaires métaphores d’éros et de thanatos, offre à cette nouvelle série de nus une dimension intemporelle.
Christophe Duvivier Directeur des musées de Pontoise